Se lancer en politique, ça le démange
Maurice Mégevand est un passionné. C’est avec cette passion qu’il s’est lancé dans le transport routier en 1965, après son service militaire. Il n’avait alors pas un sou en poche. « Je suis allé voir le concessionnaire Berliet qui m’a donné un poids lourd contre 32 traites », s’amuse-t-il. Il se lance d’abord dans la benne avant de se tourner vers le transport routier de marchandises. « J’étais affrété par Bourgey Montreuil, comme tout le monde à l’époque. Je faisais du régional et j’ai par la suite développé ma propre clientèle. » Cela marchait bien pour lui, jusqu’à la crise de 1973. Il décide alors de faire de l’international. « Je n’étais pas fait pour ça », reconnaît-il aujourd’hui. Et de fait, les affaires vont moins bien.
Traversée du désert
En 1996, toujours par passion, il décide de jouer la carte du rail-route. « Je n’aurais jamais dû mettre là-dedans le peu d’argent que j’avais. J’ai vraiment ramé et cela n’a pas fonctionné », résume-t-il, estimant avoir eu raison trop tôt. En 2000, il jette l’éponge. Il connaît alors cinq années difficiles. « Je n’avais plus de revenu et pas encore la retraite. J’ai vécu aux crochets de ma femme qui travaillait et grâce à nos cinq enfants qui nous ont aidés. » Il a pour sa famille (cinq enfants et sept petits enfants) beaucoup d’amour et de fierté. « En 1995, mes cinq enfants se sont lancés ensemble dans le transport routier en créant leur boîte. Et cela va bien pour eux. C’est ma fierté. » Il se souvient avec émotion que pendant qu’il broyait du noir durant sa traversée du désert, ses enfants se sont cotisés pour lui payer un beau voyage avec son épouse. « Avec ma femme, nous sommes partis aux Antilles, un superbe voyage pour nous qui n’avions jamais pris de vacances. J’ai la chance d’avoir une famille soudée sur qui je peux compter. »
Sortir du politiquement correct
Depuis, il a remonté la pente et a créé une association pour promouvoir le transport combiné (cf. : On dort mieux lorsqu’on fait du combiné). On ne se refait pas. Mais depuis quelque temps, il songe également à se lancer en politique. Je réfléchis à me présenter pour les législatives en Haute-Savoie. « Je sais que sans étiquette et sans moyen, je n’aurai aucune chance de l’emporter, mais ce serait pour moi l’occasion de profiter de la campagne législative pour devenir le porte-parole du monde de l’entreprise. Que ce soient les salariés ou les petits patrons. Ceux que l’on défavorise aux dépens des trusts du fric. De dire autre chose que ce que disent les politiciens de métier et sortir du politiquement correct trop policé. J’y pense très fort, et pas seulement en me rasant… » Reste à obtenir le feu vert de madame. Car chez les Mégevand, les décisions se prennent en famille.
Valérie Chrzavzez
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