Le jour où un ex-transporteur, jamais syndiqué, sera nommé par n’importe quel gouvernement au ministère des transports, ce sont les transporteurs qui gagneront.
Maurice Mègevand.

Les transporteurs du nord de la France se sont fait une raison sur l’écotaxe, mais pas sur sa majoration tarifaire trois mois seulement après son entrée en vigueur. Inquiets et très remontés, ils avaient décidé avec la FNTR Pas-de-Calais de mener une opération escargot samedi dernier dans la ville du ministre des Transports, Frédéric Cuvillier. Le mouvement promettait d’être un beau succès. Une centaine de transporteurs avaient prévus de manifester à bord de leur camion. Pour leur couper l’herbe sous le pied, le ministre a invité vendredi, la veille, la FNTR à le rencontrer en lieu et place de la manifestation.

Dialoguer, c’est bien mais cela ne suffit pas

Samedi, une délégation de la FNTR est donc allée rencontrer le ministre. « Deux heures d’échanges sur les sujets qui préoccupent la profession », résume David Sagnard, président de la FNTR Pas-de-Calais. Il a été question de la taxe PL, principalement. Les transporteurs ont réitéré leur demande d’annulation de la majoration des barèmes dès 2014. « Le temps qu’on ait un recul sur la mise en place de la majoration forfaitaire.  Mais nous n’avons pas eu d’élément positif à apporter à nos adhérents », regrette M. Sagnard. Il a été aussi question de l’augmentation du taux de majoration, du 44 tonnes transfrontalier. Les transporteurs ont apporté au ministre des documents prouvant que les chargeurs cherchaient déjà comment contourner la loi en faisant modifier les tarifs de transport pour pouvoir ajouter la taxe en pied de facture sans incidence sur leurs coûts de transport. Le ministre leur a alors promis des contrôles. Une bonne chose en théorie, mais les transporteurs sont sans illusion. « C’était déjà le cas pour l’indexation gasoil, mais on ne connait pas de cas d’entreprise qui aurait été condamnée pur ne pas l’avoir accepté. La Direccte* va être très occupée sur le sujet », estime M. Sagnard. « Mais encore faudrait-il lui donner les moyens d’effectuer ces contrôles. »

Le ministre ne perd rien pour attendre

Une réunion et beaucoup de frustrations pour les transporteurs. La cinquantaine d’entre eux qui avait tout de même fait le déplacement pour accompagner la délégation reçue par le ministre était très remontée du peu de résultat. « Finalement, c’est le ministre qui a gagné », commentaient certains, très inquiets pour leur avenir et sans illusion sur leur possibilité de répercuter la majoration forfaitaire de la taxe PL. Du coup, la FNTR Pas-de-Calais a déjà prévu de réunir ses instances fin août pour décider des suites à mener pour gérer la frustration de la profession. En recevant les transporteurs, le ministre a peut-être seulement gagné du temps, mais faute d’avancée significative, la grogne est toujours présente et l’implosion menace toujours.

Valérie Chrzavzez

*La Direccte regroupe les directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi

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« Le jour où un ex-transporteur jamais syndiqué sera nommé par n’importe quel gouvernement au ministère des transports, ce sont les transporteurs qui gagneront. »
Par Maurice Mègevand (08/07/2013)